Choisir le bon cap

Share This
Print this Add your Event

Sister Nathalie Becquart, Xav. at the helm.

Soeur Nathalie Becquart, Xav., à la barre. Un skipper maintient son cap en prêtant attention au bateau, au vent, et à l’eau. Lors du discernement de vocation, il est important de prêter attention aux courants de sa vie intérieure. 


PETITE, j’ai eu la chance de passer mes vacances au bord de la mer, où j’ai appris à faire de la voile. Éventuellement je suis devenue skipper, et j’ai beaucoup régaté, apprenant à régler au mieux mes voiles et à choisir la bonne tactique entre vents et courants. Puis, je suis rentrée dans la vie religieuse, pensant ne plus jamais naviguer. Mais, j’ai eu de la chance et la voile m’a été redonnée comme un lieu de mission en dedans de la vie religieuse quand j’ai commencé à organiser des croisières-retraites pour de jeunes adultes basées sur les Exercices Spirituels de Saint Ignace qui conjuguent l’apprentissage de la voile et de la vie en équipage avec l’apprentissage de la prière, de la relecture, et du discernement.

Ces croisières “Vie en Mer” (VieEnMer.org) font le tour de la France dans l’Atlantique et la Méditerranée de février à avril pendant une ou deux semaines. Chaque voilier a un équipage de six et est mené par un skipper et un guide spirituel. Pendant le voyage, il y a des moments de prière individuelle et en groupe, du temps partagé, des messes, de la méditation sur l’Écriture sainte et de l’orientation spirituelle

Participants on a vocation sailing retreat bond.
Pendant une croisière-retraite, les participants se tissent des liens. Tout comme la voile requiert un équipage, le discernement de vocation se passe en communauté.

L’aventure aide les participants à évaluer leurs vies. La mer les invite à réfléchir sur leur foi. Le changement d’environnement et la perte des points de repère sont propices pour une rencontre personnelle avec Dieu.

L’expérience de la voile m’a beaucoup appris et m’a aussi aidée à naviguer au quotidien dans ma mission, à discerner et choisir les bons caps, et à barrer les projets et les équipes dont j’ai la responsabilité. Mais plus encore, ces longues heures passées en mer avec des météos variées et des expériences riches de vie en équipage m’ont donné un langage pour nommer et partager un mode de vie qui pourrait peut-être attirer d’autres–comme toi!–à embarquer.

Des leçons de la mer

Être dans un espace mouvant avec ses contraintes est une école du réel. La mer représente un formidable espace de liberté parce que, bien mené, un bateau peut aller à peu près partout, en particulier quand les paramètres humains, techniques et naturels sont tous synchronisés.

Le choix d’une option de navigation se fait, bien sûr, en fonction du but à atteindre. Et le navigateur doit apprendre à s’adapter à la météo et aux conditions qu’on ne peut pas contrôler. Un manque de sérieux dans l’entreprise risque de courir à la catastrophe.

Quand j’ai à prendre une décision importante ou à trouver comment tenir le cap à travers les difficultés ou vivre plus pleinement dans la vie de l’Esprit, je m’appuie beaucoup sur mon expérience de navigation marine en équipage, écoutant le vent pour avancer toutes voiles dehors.

Pictured here is the author at the helm.
Des fois le discernement mène une personne dans des eaux profondes, ce qui peut être exaltant ou épeurant. Voici dans la photo l’auteure à la barre.

Barrer

La barre est notre lien le plus fort avec le bateau. La personne qui prend la barre doit être prête à aller au large dès que le bateau n’est plus attaché et doit rester à la barre jusqu’à ce que le bateau arrive au bon port.

Barrer est une grande responsabilité. Si je le demande ou on me le propose, il faut prendre les choses en main. C’est toujours prendre un risque, mais un risque mesuré, qui s’apprend avec quelqu’un de confiance. La barre est le centre de toutes les autres relations à bord, un noeud d’échanges d’informations, qui demande beaucoup d’attention et de concentration. Pour bien barrer, il faut que j’écoute attentivement le bateau et l’équipage, que je capte leurs réactions pour pouvoir répondre correctement. Pour arriver à suivre une direction, il faut sentir la barre accompagner, ou résister, mon cap désiré. Si les vagues nous font dévier, il faut que je m’adapte.

Quand le vent, les courants, ou les vagues se font imprévisibles, barrer devient plus difficile. Barrer demande d’aider le bateau à trouver une stabilité dans le mouvement, pour qu’il puisse avancer avec équilibre au coeur du mouvant des eaux. La technique du barreur est évidente dans le sillage du bateau.

Le bon barreur sait barrer avec douceur, sans mouvement brusque. Il est toujours à l’écoute, car il faut anticiper. On peut dire que le barreur est en adéquation avec l’équipage, l’environnement, et le voilier. Le mauvais barreur, au contraire, donne de grands coups de barre, et fait taper le bateau dans les vagues.

L’Esprit de Dieu nous conduit à barrer notre vie avec douceur, comme un bon barreur. Ceci demande beaucoup d’apprentissage et de pratique. J’essaie avec ardeur de m’empêcher de me laisser dériver au gré des flots. J’essaie de choisir et de suivre un cap réaliste, compte tenu des multiples variables dans ma vie. Ma vie laisse une trace, et je peux voir dans cette trace si je barre convenablement. Les moments de joie et de paix que j’ai vécus quand je me suis laissé conduire par le vent de l’Esprit me font savoir que je suis le bon cap. Et quand je me sens tourmentée ou entraînée dans un cercle descendant, je sais que je me suis laissé prendre par les mauvais courants et c’est le moment de changer de cap.

Sailors on a vocation discernment retreat enjoy a stopover.
Des marins lors d’une retraite de discernement vocationnel profitent d’une escale.

Trouver son cap

Or, même la meilleure navigation est sujette à des conditions imprévisibles, les tempêtes violentes, les calmes plats. Le marin doit apprendre à avoir de la patience avec les caprices des vents. Des fois, on doit tout simplement attendre, rester ferme, et espérer. L’arrivée à terre est un soulagement semblable à une résurrection.

Tant qu’on n’a pas éprouvé son bateau dans toutes les conditions, on ne le connaît vraiment pas. On doit voyager des milles et des milles pour gagner l’expérience nécessaire pour aller encore plus loin.

Des tempêtes et des calmes plats, alternances, c’est aussi ce que nous expérimentons de notre vie spirituelle–des moments difficiles, marqués par l’agitation, quand nous devons tenir bon et rester ferme, et des moments de calme plat, marqués par le doute ou la sécheresse spirituelle, quand nous devons attendre avec patience.

Ces alternances entre la détresse et le confort, c’est ce qu’a expérimenté Ignace de Loyola après être blessé lors de la bataille à Pampelune. En prêtant attention à ses états de tristesse et de joie, il a découvert ce qui est basé dans la vanité et ce qui est basé dans la sainteté, et il a choisi de suivre son désir le plus profond, le chemin vers la sainteté.

La seule et unique voie de découvrir nos désirs les plus profonds–ce qui nous apportera la joie véritable—c’est d’identifier nos mouvements intérieurs, les différents courants qui nous habitent, et être attentifs aux effets qu’ils ont sur nous.

Naviguant de cette façon, je découvre qui je suis, comment je réagis à de différentes circonstances, et comment Dieu me guide vers le désir de mon coeur.

Soeur Nathalie Becquart, Xav.
Soeur Nathalie Becquart, Xav. est skipper et accompagnatrice spirituelle. Elle est Directrice du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations à la Conférence des Évêques de France.

.  

Comments

Sponsors
Sponsors

SOCIALIZE

Follow Us

CALENDAR

Click on a date below to see the vocation events happening that day!